Agriculture à Kerkennah : Une source de richesses naturelles à valoriser

Kerkennah : Grenier de fruits

Petit grenier au milieu de la méditerranée, Kerkennah possède des ressources naturelles qui se méritent à la force du poignet. Rendons hommage à ces femmes et ces hommes agriculteurs qui à la sueur de leur front, sèment, entretiennent et récoltent les fruits de leur labeur.

Fruits de Kerkennah

Nous aimons nous promener le long de ces terres arides en été, marquées de sillons et labourées. L’âne de Kerkennah est un allié précieux pour retourner la terre. Le Labour permet en effet, au sol de s’aérer et de faciliter l’absorption de l’eau dont la pluviométrie reste limitée à Kerkennah (environ 246 mm par an dont 50% en automne).

Oliveraies kerkenniennes : une ressource ancestrale

L’ombre est aussi précieuse que les olives produites par ces arbres, dont certains sont centenaires, voire millénaires. En effet, la production d’huile d’olive de Kerkennah est un atout de cet archipel comme il l’est pour la Tunisie tout entière. 86 millions d’oliviers composent le patrimoine de l’oléiculture en Tunisie. Avec l’Espagne et l’Italie, la Tunisie est l’un des premiers producteurs mondiaux d’huile d’Olive, dont 80% partent à l’exportation et notamment au Canada.  Ainsi comme nous le rappelle le Journal officiel du Conseil oléicole international, la Tunisie est une oliveraie millénaire dont Kerkennah fait partie.

Oliveraies de Kerkennah, Agriculture durable

La Tunisie est ainsi devenue l’héritière de deux mille ans de savoir-faire en matière de culture d’oliviers et donc « une oliveraie par excellence », avec des plantations qui s’étalaient sur une grande partie du territoire, en commençant par l’ile de cyraunis (Kerkena) en passant par Byzacène (le cap bon) et Hadrumète (sousse) pour finir dans les steppes de Kasserine et, dans le sud, autour de Zarzis et de l’ile de Djerba.

Figuiers en tout genre : fruit de l’abondance, ressource naturelle à manger et à boire

Autre ressource naturelle de l’archipel, les figuiers. ils sont plutôt de taille réduite mais ils offrent de l’ombre et de belles figues, résultat d’un processus de pollinisation bien particulier entre figues mâles et figues femelles. La figue se mange fraiche ou séchée au soleil. Elle est aussi distillée pour produire la boukha (en arabe : بوخة). Il s’agit d’une eau-de-vie de figues que l’on peut trouver dans certains restaurants.

`Figuier & araignée de Kerkennah, un écosystème fragile

Bien entendu le figuier est aussi de Barbarie (en latin, Opuntia ficus-indica qui signifie la figue d’Inde). Ses fruits sont plus complexes à cueillir en raison de ces aiguillons, les glochides. Leur récolte se fait entre août et octobre. Nous regrettons de les voir disparaitre comme les aloé vera naturels. Ils forment des haies naturelles qui préservent de l’érosion. Il serait judicieux de les replanter et de préserver ces cactus qui bordent les chemins et délimitent les parcelles.

La vigne : de ton raisin ensoleillé je ne saurai me passer

Vigne de Kerkennah

La vigne à Kerkennah donne un raisin dont on produit le rassir (jus). On l’apprécie aussi sur la grappe, fraichement cueilli pour en savourer les sucres. Ce fruit est réputé donner de l’énergie en fournissant pour 100 grammes, 72 calories. Désaltérant, le jus du raisin apporte des quantités intéressantes de minéraux notamment le potassium et les vitamines du groupe B impliquées dans la production d’énergie (synthèse de protéines, régénération cellulaire notamment).

Raisins de Kerkennah

Le palmier, roi de Kerkennah : enivrant et protecteur

Nous ne pouvons pas rédiger un article sur les ressources naturelles de Kerkennah sans évoquer le palmier. Roi de l’archipel, il est une ressource privilégiée pour la fabrique des maisons traditionnelles, des charfia, d’objets et d’outils multiples. Mais il est aussi exploité pour la production du nectar kerkennien, le legmi.

Des fruits, des arbres et des symboles

Figuier, olivier vigne et palmier, voila un quatuor à Kerkennah qui nous raconte aussi la symbolique des arbres. Comme nous le précise Said El Bouzidi (2002), le figuier comme l’olivier et la vigne sont associés à des sociétés anciennes de Méditerranée et à leur croyance. On prête à la figue par exemple des vertus protectrices, fécondantes et régénérantes.

Chacun de ces arbres est associé à une civilisation qui a marqué la vie en Méditerranée. L’olivier est le symbole de la civilisation grecque alors que la vigne symbolise la civilisation romaine. Le figuier quant à lui est le symbole de l’Afrique, de sa résistance et de sa propagation notamment à l’ère punique ou Carthage devenait une menace pour Rome. D’autres arbres symboles des sociétés dans le monde ont été mentionnés (voir notre article Planter un arbre). Bien entendu, il existe d’autres arbres à Kerkennah comme le Grenadier ou l’eucalyptus notamment.

Grenadier de Kerkennah

Et que dire des palmiers-dattiers connus pour former des palmeraies spontanées et naturelles à Kerkennah. Comme le souligne Fehri (2014), Kerkennah est la “seule oasis non irriguée de Tunisie”. Le palmier roi et le palmier dattier tout particulièrement participent de l’agriculture kerkennienne. Si vous visitez le musée Dar El Fehri, Abassya, vous apprendrez que les dattes et plus précisément leurs noyaux faisaient l’objet de troc avec Djerba. Pour en savoir plus, rendez-vous au musée !

Kerkennah, belle Kerkennah

Kerkennah, belle Kerkennah, tu es riche d’une terre difficile à travailler mais Ô combien sucrée de tes fruits. Gorgés de soleil, ils sont travaillés à la main de la femme et de l’homme nés sur ton sable.

Kerkennah, belle Kerkennah, de tes figues, de ton huile et de tes raisins je m’enivre, les yeux brillants et le coeur vibrant. Tu es ma terre, tu es mon ciel, tu es ma mer.

Kerkennah, belle Kerkennah, tu a été, tu es et tu seras par delà le souffle du vent, le rayon du soleil brûlant, le chant de l’oiseau et le clapotis des vagues sur l’ilot de Grimdi.