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L’archipel de Kerkennah dans le golfe de Gabès au fil du temps : de l’influence de la Rome antique, ottomane, autrichienne, italienne et française, jusqu’au 19e siècle.
Il y a des trésors parsemés dans chaque coin du monde… Grâce aux rencontres et à son amour pour notre pays et surtout à Kerkennah, l’archéologue et historien tchèque, Petr Jenč nous fait l’aimable plaisir de nous confier les cartes qu’il a pu réunir de diverses collections européennes concernant la Tunisie.
Son objectif, garder une trace du temps… une trace de l’histoire de l’archipel…

Petr Jenč est aussi l’administrateur de la page Facebook “Ostrovy Kerkennah – Tunisko” qu’il anime avec de splendides photographies sur les îles de Kerkennah.

Nous invitons nos lecteurs à consulter sa page en suivant ce lien : OstrovyKarkennahTunisko

Un plongeon dans la Cercina ancienne

Les cartes archéologiques débutent pour la plus ancienne de la collection, au 15e siècle. A travers le temps et le regard des hommes, ces cartographies de nos terres nous invitent à réfléchir et nous donnent l’espoir, qu’un jour l’être humain réalisera combien les frontières et les territoires ne sont qu’une construction issue de la volonté de l’homme lui même.

Ces cartes sont aussi de magnifiques oeuvres d’art de la représentation que l’homme se fait des terres qui le voient naitre. Celles que nous propose Petr Jenč nous racontent l’archipel de Kerkennah dans le golfe de Gabès… Prenons le temps ensemble de les déchiffrer et constatons l’évolution de la représentation de Kerkennah au fil du temps et au gré des civilisations de la méditerranée.

Les Iles de Kerkennah sur des cartes anciennes (1520 et 1579)

(KERKENNA NA STARÝCH MAPOVÝCH DÍLECH / THE KERKENNAH ISLANDS ON OLD MAPS )

Remontons le temps, pour observer comment les anciens cartographes ont dépeint le golfe de Gabès, les îles de Kerkennah et l’île de Djerba.
Nous pouvons alors remarquer qu’au cours des siècles ces îles ont changé de nom selon les marins turcs, arabes et européens, il y a 200 ou 500 ans d’ici.

Influences ottomanes et italiennes

Iles de Kerkennah sur des cartes anciennes (1520 et 1579) Influences ottomanes et italiennes
Dans la première carte (à gauche), il s’agit d’une carte utilisée à l’époque ottomane par l’amiral Hadji Ahmed Muhaddin Piri. L’Amiral Hadji Ahmed Muhaddin Piri a dessiné des cartes pour les deux plus grandes îles de Kerkennah peuplée et recouverte de végétation de palmiers.

Dans la seconde carte (à droite), il s’agit d’une carte réalisée par des moines bénédictins italiens, notamment en la personne de Stefano Bonsignori. Cette carte est issue d’un ensemble d’autres cartes du nom de « Africa”(Tunisie et Libye). La carte de Stefano Bonsignori montre les 3 îles, Gharbi (Mellita) sous le nom de “Gamelara”, l’Île Chergui nommée “Chircari” et “Beito” peut-être en référence à l’ilot de Roumadia aujourd’hui.

Les Iles de Kerkennah sur des cartes cartographiques anciennes (1574 et 1603)

Comment les anciens cartographes ont pu avec leur peu de moyens, dessiner le golfe de Gabès et les îles Kerkennah et l’île de Djerba ?
Les cartes suivantes sont issues de deux œuvres exceptionnelles : le Theatrum Orbis Terrarum (Théâtre du monde) et le Parergon.
La collection cartographique “Theatrum” constitue le premier atlas moderne du monde. Le second ouvrage (Parergon) est une série de cartes illustrant l’histoire ancienne, sacrée et profane. L’éditeur et principal auteur de ces cartes était le géographe flamand Abraham Ortelius (1527-1598).

16e et 17e siècles… Quand Gharbi, Chergui et Roumadia s’appelaient respectivement Gamelara, Chircari, ou Cercina (pour les 2 premières réunies) et Beito…

Iles de Kerkennah sur des cartes cartographique ancienne (1574 et 1603)

La première carte (à gauche) fait partie de l’Atlas “Theatrum” qui a été publié en 1570 puis progressivement développé par le travail de près de 200 cartographes.
Une carte de l’année 1574 montre l’influence italienne dans la dénomination des trois îles de l’archipel Kerkennah que l’on retrouve dans la carte de 1579 précédente.

La seconde carte (à droite) fait partie de l’ouvrage “Parergon”.

Une carte publiée en l’an 1603 (à l’origine de 1590) décrit la Tunisie antique et utilise les noms romains originaux.
“Cercina” est le nom utilisé pour les îles de Gharbi et Chergui. La partie nord-est de l’archipel est appelée “Cercinitis”.

Les Iles de Kerkennah sur des cartes anciennes (1789 et 1800)

Observons maintenant un angle plus large du golfe de Gabès avec les îles de Kerkennah et l’île de Djerba, à la fin de la 18e siècle.

Vous pouvez étudier alors les cartes des œuvres de l’écrivain et cartographe autrichien (Vienne) Franz Anton Schraembl (1751-1803), l’éditeur de l’atlas ambitieux du monde “Allgemeiner Grosser Atlas”. Les illustrations sont des feuilles de carte de “Der Generalkarte Koenigreiche Marokko, Fez, Alger, Tunis und” (1789) et “Erster Theil Der Karte von Europa” (1800).

Chergui et Gharbi regroupées sous le nom de Kerkeni et Veita (ex Beito)

Iles de Kerkennah sur des cartes anciennes (1789 et 1800)

Comme sur les cartes plus anciennes, ici aussi vous pourrez constater à nouveau les dénominations variées de l’archipel de Kerkennah qui se compose de “Kerkeni” (les îles d’aujourd’hui Gharbi et Chergui) et “Veita” (anciennement Beito) pour la partie nord-est. Remarquons le détail dans la représentation des fonds sous-marins de l’îlot sud-ouest de l’île Gharbi par la ligne pointillée représentant la mer profonde.

Les Iles de Kerkennah sur des cartes anciennes (1849 et 1850)

Plus récemment enfin, vous pourrez faire un zoom sur le golfe de Gabès avec l’archipel de Kerkenna (Cercina) sur les cartes italiennes et françaises. Les deux cartes ont été publiées au milieu du 19e siècle.

Fait intéressant, la représentation des îles (Djerba et Kerkennah) est déjà assez précise, y compris toutes les grandes baies.

Quand L’île de Gharbi s’est appelée Djerba, quand Chergui s’est appelée Ramlah et Roumadia nommée Koucha

Iles de Kerkennah sur des cartes anciennes (1849 et 1850)

La plus grande des îles Chergui était il y a 160 ans appelée Ramlah (sable). Son nom était le même que la ville d’aujourd’hui avec deux milles habitants. L’îlot Roumadia sur les cartes porte le nom Koucha.

La carte de 1849 présente de nombreux détails dont “Castello” (Château en Espagnol). Il s’agit ni plus ni moins de la forteresse espagnole et turque de Bordj LaHssar et le “Torre” celui de Bordj Mellita, ancienne tour de guet sur l’île de Gharbi. Au sud de l’île Gharbi est signalé le site classé de la pêche au thon. Cette carte décrit Kerkennah et ses basses îles couvertes de palmiers dattiers.

Nous espérons que ce voyage dans le temps vous aura permis de connaitre un peu plus les origines des noms variés de l’archipel par l’histoire de nos ancêtres et leur représentation des îles de Kerkennah au fil du temps.
Encore un grand merci à Petr Jenč pour son excellent travail de recherche grâce auquel nous partageons ici la richesse du passé.

A propos de l'auteur...

Mehdi Kachouri

Fondateur du site, Kerkenniens dans l’âme et passionné des iles de Kerkennah. Sans trop de chichi ni de paillettes, j’ai ouvert cet espace car depuis son origine, je souhaite pointer les beautés mais aussi les désastres de Kerkennah. Je vous invite à me suivre dans mes échanges si vous le souhaitez.

Comments

  1. wafa    

    Depuis le temps que je cherchais a droite et a gauche l histoire et l origine de l ile, La je suis agréablement surprise et servie !

    1. Mehdi Kachouri    

      Bonjour Wafa, un grand merci à Petr Jenč aussi 😉

  2. WEG    

    Kerkennah, Cercina… Affrica pour appeler la Tunisie… dénomination et orthographe au fil du temps ! Kerkennah est au cœur de l’histoire de la Méditerranée et de ses belles civilisations. Les cartes sont superbes !

    1. Mehdi Kachouri    

      En effet les cartes sont splendides 🙂

  3. Majdi    

    Excellent travail Kerkennah c’est une passion

    1. Mehdi Kachouri    

      Bonsoir Majdi, Merci pour ce compliment 😉

  4. Lionel    

    Superbe compilation, un régal à lire pour les amoureux de cet archipel !

    1. Mehdi Kachouri    

      Bonjour Lionel, Merci pour le commentaire ceci donne envie de continuer à écrire des articles ,-)

  5. Manel    

    Un article très intéressant! La superficie de l’île Beito a nettement diminué au cours du temps.Est-ce la précision des cartes qui s’est améliorée ou l’effet de l’érosion?

  6. Djerbavacances Midoun    

    j’adore les pages d’histoire de vos ‘nos” iles .. bien plus intéressantes que les personnes qui nous y accompagnent en se disant “guide officiel” .. d’ailleurs s’il y en a sur l’ile , vous devriez nous donner leurs “contact” …

    1. Mehdi Kachouri    

      En effet, Mais je vais me recycler comme guide d’ici peu 😉 Mais chuuute faut pas le dire 😉

  7. verstraete    

    Bonjour,

    j’aimerais reproduire l’image de la carte (1520) utilisée à l’époque ottomane par l’amiral Hadji Ahmed Muhaddin Piri dans une publication pour une exposition dans laquelle une partie de l’exposition se base sur les motifs tunisiens venant des Iles.
    Est-elle libre de droits sinon comment faire ? Merci de me répondre rapidement.
    Cordialement
    V.Verstraete

    1. Mehdi Kachouri    

      Bonjour, l’image ne m’appartient pas et d’après la source elle n’est pas libre de droit. Cordialement.

  8. chérif M'rad    

    les iles kerkennah ….des îles de rêves ….c’est mon bled

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