Kerkennah : clap de fin de la maison d’hĂŽtes Dar Bounouma
CrĂ©er une maison d’hĂŽtes Ă Kerkennah : bilan d’une expĂ©rience “malheureuse”
Dar Bounouma est une ravissante maison d’hĂŽtes situĂ©e sur la cĂŽte ouest de Kerkennah. Ses fondateurs, Pilar et Abdelhak ont eu Ă coeur de concevoir avec beaucoup de goĂ»t et de passion ce havre de paix et de culture. leur dĂ©sir Ă©tait de recevoir dans les meilleures conditions leurs invitĂ©s pour leur offrir un temps suspendu dans l’esprit kerkennien. Mais malgrĂ© leur dĂ©termination, le chemin administratif a eu raison de leur investissement.
Beaucoup d’espoir pour rien de concret (ÙŰÙÙÙÙ ÙÙ Ű§ÙŰŹÙŰ© ۰۱ۧŰč)
Plusieurs promesses liĂ©es Ă la rĂšglementation tunisienne en matiĂšre de maison d’hĂŽtes ne sont jamais arrivĂ©es.
Une aide gouvernementale qui s’appelle dĂ©sirĂ©e
Bien que le projet de maison d’hĂŽtes implantĂ© sur l’Ăźle devait prĂ©tendre Ă une aide gouvernementale, les fondateurs n’ont jamais rien reçu. La raison ? La construction de la bĂątisse prĂ©cĂšde la date de l’obtention de l’agrĂ©ment. Il aurait donc fallu attendre plus de 3 ans en procĂ©dure avant de commencer Ă bĂątir.
Des droits à exonération qui ont du se perdre en mer
Les fondateurs avaient Ă©galement le droit Ă une exonĂ©ration de charges patronales pendant 5 ans. Malheureusement, ils n’ont reçu aucune nouvelle de la Caisse Nationale de SĂ©curitĂ© Sociale concernant ce dossier. Plus de 2 ans aprĂšs la crĂ©ation de la maison d’hĂŽtes, le paiement des charges est maximal. Cette situation n’a pas arrangĂ© le deuxiĂšme droit d’exonĂ©ration sur 10 ans de l’impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices. En effet ils n’ont pas pu couvrir toutes leurs charges alors qu’ils ont du payer toutes les taxes au trĂ©sor public.
Une rÚglementation hors sol : Imposer un maitre nageur pour une piscine privée
Le projet de taille modeste se dĂ©veloppait naturellement. Son caractĂšre intimiste Ă©tait fort apprĂ©ciĂ© car les services Ă©taient exclusivement rĂ©servĂ©s aux rĂ©sidents. Pilar et Abdelhak commençaient Ă avoir une clientĂšle fidĂšle qui adhĂ©rait pleinement au concept. Malheureusement, l’administration de la sĂ©curitĂ© civile applique des textes sortis de leur contexte. Les fondateurs de Dar Bounouma ont du faire face Ă une dĂ©cision digne de la philosophie de Kafka, En effet, l’administration en voulant imposer un maĂźtre nageur considĂ©rait la maison d’hĂŽtes de la mĂȘme façon qu’un hĂŽtel Ă grande capacitĂ© avec des enfants de tous Ăąges. Alors que l’exigence du couple Chelly limitait la capacitĂ© maximale d’accueil Ă 8 et rĂ©servait l’accueil Ă des couples ou des familles avec enfants de plus de 10 ans. Qu’en aurait-il Ă©tĂ© s’ils avaient eu aussi un jacuzzi ?
Pouvoir bureaucratique : entre cauchemar et renoncement d’un rĂȘve
Comme nous le confient Pilar et Abdelhak dans un dernier geste bien amer :
Nous sommes restĂ©s intransigeants sur ce dernier point. Un maĂźtre nageur, en plus de constituer une charge financiĂšre supplĂ©mentaire, impliquerait des heures d’ouverture et de fermeture de la piscine et Ă©galement constituerait une atteinte flagrante Ă l’intimitĂ© de chacun et ferait perdre l’Ăąme de notre projet. Nous avons donc prĂ©fĂ©rĂ© nous retirer de ce cadre lĂ©gislatif. MalgrĂ© l’importance de notre investissement financier dans ce projet, on prĂ©fĂšre ne pas perdre notre Ăąme.

Dar Bounouma tire le rideau, clap de fin d’un beau projet de tourisme alternatif
Leçon pour tout entrepreneur en tourisme à Kerkennah
Leur expĂ©rience nous amĂšne Ă tirer une leçon pour celui qui voudrait promouvoir ce type de tourisme alternatif et de qualitĂ© sur l’archipel de Kerkennah.
Un seuil de rentabilité difficile à franchir
Pilar et Abdelhak attirent notre attention sur le fait que les petites unitĂ©s (de moins de 5 chambres) ne peuvent pas ĂȘtre rentables. Faute de personnel Ă la hauteur, ils n’ont pu mettre Ă disposition que 3 chambres (sur les 4 disponibles).
Un soutien administratif contributeur de la réussite
Le soutien dans les administrations est indispensable pour espĂ©rer la rĂ©ussite d’un projet. Il a fallu attendre 3 mois pour obtenir l’ouverture effective de la maison d’hĂŽtes. 3 mois d’attente pour recevoir un mail qui s’est perdu dans les ordinateurs du MinistĂšre du Tourisme Ă Tunis.
Une insularitĂ© qui rend l’activitĂ© fortement dĂ©pendante du transport et du contexte socio-politique
L’investisseur Ă Kerkennah doit faire face Ă des alĂ©as liĂ©s au cycle de production. Il s’expose Ă une forte dĂ©pendance du transport, vĂ©ritable point noir pour le dynamisme de l’archipel. Aux conditions climatiques vient s’ajouter la problĂ©matique sĂ©curitaire avec des conflits locaux entre autoritĂ©s et bandits des mer (Kayassa). Cette situation structurelle peut contribuer Ă faire Ă©chouer plus d’un sĂ©jour.
Un transport qui fait la pluie et le beau temps
Il en est de mĂȘme avec les perturbations de la SONOTRAK (compagnie de transport maritime). Les ruptures de liaisons maritimes sont un problĂšme endĂ©mique qui semble ne pas trouver de solution. Quelle est la capacitĂ© des autoritĂ©s Ă soutenir vĂ©ritablement le dĂ©veloppement de l’Ăźle lorsqu’il est impossible de s’y rendre ? Tourisme, artisanat, pĂȘche traditionnelle sont autant de secteurs impactĂ©s.
Entre exploitation gaziĂšre et tourisme, il faut choisir !
Seule l’exploitation gaziĂšre tout azimuts, semble bĂ©nĂ©ficier d’un blanc seing alors mĂȘme que les infrastructures sont Ă quelques miles de la cĂŽte. Les conditions de sĂ©curitĂ© de la zone touristique semblent ĂȘtre allĂ©gĂ©es administrativement. On retrouve la question que nous posions en 2017 dans l’article intitulĂ© Lâarchipel Kerkennah : exploitation gaziĂšre ou zone touristique protĂ©gĂ©e ?
Une prĂ©fĂ©rence administrative pour l’activitĂ© informelle
Si nous devions retenir une caractĂ©ristique remarquable en Tunisie, ce pourrait ĂȘtre la prĂ©fĂ©rence par l’administration des activitĂ©s informelles. Citons comme exemple le nombre de maisons mises en location, qui prennent diverses dĂ©nominations. Sans tracasseries administratives et financiĂšres, cette activitĂ© bat son plein.
 A retenir
Pilar et Abdelhak nous livrent une belle leçon.
Nous, on prĂ©fĂšre vivre pleinement notre retraite, dans ce cadre idyllique, entourĂ©s de notre famille et nos amis. Dar Bounouma devient une maison d’amis.
Mina Ouahchi
Comme c’est triste…mais Dar Bounouma restera une maison d’amis et j’espĂšre qu’ils seront nombreux!
Mehdi Kachouri
Mina! đą On ressent aussi un pincement, mais Dar Bounouma restera toujours une maison chaleureuse pour ses amis. đĄđ EspĂ©rons qu’ils seront nombreux Ă garder ces souvenirs prĂ©cieux. đ€