Je reviens de Kerkennah
Chaque visite et chaque séjour à Kerkennah, aussi courts soient-ils, sont uniques, toujours différents des précédents mais toujours avec les mêmes rituels, rythmés par l’arrivée et le départ du Loud. Parti un jeudi à 12h30 et revenu le dimanche d’après par le bateau de 09h30, le séjour de moins de 72 heures a permis de revoir ses amis qui ont choisi d’y résider à leur retraite jouant à la pétanque chaque après-midi, les inévitables courses sur place afin de contribuer à l’économie locale, la sortie des écoles sans oublier la traversée des villages où règne une activité de plus en plus fiévreuse : circulation des bus, autos, motos et vélos, bâtiments en construction…

Le bassin fermé des Louds en bas à gauche de sfax (Tunisie) Google Earth
Pour cette fois-ci un constat retient toutefois l’attention celui de la dégradation alarmante de l’environnement, donc du milieu naturel de l’Ile et des travaux d’infrastructures, réalisés ou en cours.
Pour ce qui est de l’environnement, le laisser-aller, rampant depuis quelques années, s’est institutionnalisé depuis. Déjà au départ de Sfax, dans le bassin accueillant les Louds, des déchets de toutes sortes et en premier lieu les bouteilles de plastique, ne permettent même plus de voir la surface de l’eau tellement ils se sont agglomérés en l’absence d’entretien et de courant marin. A bord du bateau, inutile de parler des conditions d’hygiène qui y règnent, dans les toilettes, sur le pont, dans la salle, où certains passagers se permettent d’occuper des banquettes entières pour s’y allonger avec leurs chaussures et puis le “bar” à café…
A l’arrivée au village de Ouled Yaneg, le paysage avec cette baie de Sidi Salem, en dépit de certaines constructions, demeure toujours aussi romantique. Vue de plus près avec la construction d’un pseudo quai en état de délabrement, l’on voit, là aussi, une accumulation de déchets, amas d’algues et sédiments. Faute de nettoyage régulier, il s’en dégage une odeur pestilentielle. Quelle déception au souvenir de celui qui y venait, à son jeune âge, s’adosser à un palmier et parcourir, un livre ou une bande dessinée !

Sidi Salem Ouled Yaneg Kerkennah
Un cri d’alarme
La fragilité de l’île exige qu’une campagne de propreté soit lancée en parallèle avec une campagne de sensibilisation, notamment des visiteurs et passagers qui laissent sur place ou jettent leurs menus déchets et emballages. Des panneaux d’information devraient être visibles dès l’embarquement et d’une manière régulière le long de la route et dans chaque village.

Un amoncellement de déchets (Kerkennah – Tunisie)
Pour ce qui est des infrastructures l’on constate les travaux d’élargissement du pont d’El Kantara, devenus urgents en raison de l’intensité du trafic routier, et la relève des câbles électriques dont l’installation était plutôt anarchique avec tous les dangers qu’ils représentaient. Un de ces câbles s’est même rompu pour tomber sur une maison avec la panique que l’on peut imaginer.
Que l’on s’inquiète des infrastructures à Kerkennah est rassurant. Il reste toutefois à demeurer vigilant notamment en ce qui concerne les constructions anarchiques. Elles avaient proliféré profitant du vide institutionnel qui a régné des années durant.
Ceux soucieux de leur Île, certainement tous les kerkenniens, ainsi que leurs amis et sympathisants devraient se mobiliser afin que Kerkennah puisse garder son charme et toute son attractivité.
Malek
Ce n’est un secret pour personne: notre chère île souffre, elle souffre en silence sous les tas de déchets.
La faune et la flore à Kerkennah sont en danger et sans une prise de conscience concrète, certaines espèces animales et végétales disparaîtront à jamais.
Préserver l’île doit être la responsabilité d’une part des habitants, premières victimes delà degradation de son écosystème, et d’autre part les gens qui s’y rendent pour différentes raisons.
En tant que kerkennienne, soucieuse et inquiète sur l’avenir de l’île, je pense qu’instaurer une taxe écologique pourrait être une des solutions. Les fonds récoltés serviront uniquement à financer le nettoyage de l’île: recrutement de personnes, achats de matériels ….
La préservation de Kerkennah est NOTRE affaire à tous.
Mehdi Kachouri
Malek, tu as raison la prise de conscience est indispensable pour agir. Mobiliser des ressources pour nettoyer est un premier pas. Dans l’idéal, supprimer les causes du nettoyage relève de l’éducation et de la discipline donc du contrôle…
Mounir Zalila
Nous disposons de plusieurs associations quelques peu en léthargie. Faisons bouger les choses en les réactivant pour différentes actions. L’argent n’est jamais un problème. Avec l’appui des Kerkenniens de part le monde, leurs amis, les amoureux de Kerkennah, les agences internationales de coopération, lancer un cagnotte… il est possible de récolter suffisamment de fonds pour une action de nettoyage d’envergure sur toute l’Ile, la sensibilisation et sa pérennisation.
Instaurer une taxe prend du temps et n’est pas toujours bien accueilli.
Si nous avons la volonté et le souffle suffisant nous pouvons agir!