Kerkenniens.com vous informe depuis 7 ans de la vie merveilleuse mais aussi scandaleuse sur l’archipel. Informer pour mieux protéger ces îles de Tunisie et les apprécier dans leur authenticité, telle est la vocation de kerkenniens.com. Alors lorsque d’autres partagent cette intention, au delà des intérêts individuels, pour un intérêt supérieur, nous nous devons de relayer leur cri d’alarme comme chacun relaie ceux de kerkenniens.com. Parmi ces appels et ces témoignages nous relayons celui de Haythem El Mekki de la chaine web "les hauts parleurs", visible sur ce lien Kerkennah : L'île des pêcheurs aux mains des passeurs de migrants. En soutien de son témoignage sur "la vallée de la mort", nous souhaitons exprimer la lente agonie de Kerkennah qui se passe aujourd'hui sous nos yeux. À partager sans modération !
Il était une fois Kerkennah.
Cet archipel aux mille palmiers
Trônant comme des rois
Majestueux, gardiens des terres sacrées.
Tes enfants couraient dans les sebkhas.
Leurs rires raisonnaient jusqu’à la mer,
Jusqu’au retour des floukas,
Tant attendues par tous les insulaires.
Les pêches miraculeuses
Apportaient de quoi manger pour chacun
Poulpes, pataclets et même crevettes délicieuses.
D’aucun ne mourrait de faim.
Tes eaux aux vertus miraculeuses
Soudain sont devenues des cimetières.
Autrefois cristallines bordant tes côtes sauvages et sablonneuses
Aujourd'hui, ordures en tout genre, extraction gazière et chalutiers t’asphyxient, tout entière.
Tes eaux sont rouges et noires.
Comme des messagers de l’ombre,
Elles jouent avec le désespoir.
Naufragés, pêcheurs et rires des enfants sombrent.
Kerkennah que s’est il passé ?
Les vagues ne jouent plus avec les poissons.
Les enfants ne rient plus dans les sebkhas, trop polluées.
Les écoles pleurent tes enfants déscolarisés.
Le regard des anciens muets se perd à l’horizon.
Comme s’ils partaient en quête du Paradis,
Ô douce Kerkennah anéantie,
L’indifférence des puissants les rend coupables de ton agonie,
Toi, authentique joyau, désormais souillé, de Tunisie.
Des exilés d'hier aux naufragés d'aujourd'hui, d'un écosystème foisonnant à l'invasion de crabes bleus faisant de la mer un désert aquatique, Kerkennah est un paradis tout autant qu'un enfer sous le regard silencieux et complices des puissants. La palmeraie spontanée, "seule oasis non irriguée de Tunisie" (Ferhi, 2014) est un symbole du patrimoine kerkennien, digne d'un patrimoine mondial nous alerte sur sa lente agonie...