Face au climat, Kerkennah deviendra-t-elle un archipel sous-marin ?
Qui dit climat dit rĂ©chauffement et… montĂ©e des eaux. Qu’en est-il Ă Kerkennah ? Cette zone de terre au milieu de la mer, deviendra-t-elle comme d’autres, un archipel englouti ? C’est ce que suggĂšre Dennis Frasch* dans son article “Une terre en voie de disparition”? Cela est dĂ©jĂ en partie le cas. Souvenez-vous au pied du Fort El Hsar, une antique trace de la vie phĂ©nicienne il y a 3000 ans est devenue le refuge d’espĂšces aquatiques aujourd’hui.
* Une terre en voie de disparition – Perspectives d’Afrique du Nord – Ruya – Goethe-Institut – Article de Denis Frasch (27 juin 2024) :
 Kerkennah : archipel Ă fleur d’eau menacĂ© par le climat ?
Quand le climat se rĂ©chauffe, la terre change, les traits de cĂŽte se modifient, laissant ici, les eaux avancer, dĂ©couvrant lĂ , une terre Ă©mergĂ©e. La planĂšte n’est pas une sphĂšre immuable. Elle vit, elle se transforme. Des volcans plus ou moins endormis aux geysers d’Islande, de la riviĂšre abondante aux littoraux Ă©corchĂ©s par la force des vagues, la vie est trĂ©pidante sur notre planĂšte !
 La topographie de Kerkennah la rend vulnérable à la montée des eaux
L’archipel de Kerkennah au milieu de la mer MĂ©diterranĂ©e prĂ©sente une structure de hauts fonds. Cette forme de la roche traduit le plateau que forme Kerkennah en pleine mer. Un plateau dont l’altitude la plus Ă©levĂ©e est de 13 mĂštres avec en tout point une distance Ă moins de 5 km de la mer (Trousset, 2005) !
 Kerkennah face au climat : une bande de terre recouverte par la mer ?
La mer Ă Kerkennah est l’Ă©lĂ©ment le plus visible et le plus dominant de l’archipel. OĂč que vous soyez en terre kerkennienne, vous ĂȘtes largement Ă moins d’une heure de marche du littoral et des vagues ! Une montĂ©e du niveau de l’eau augmenterait la profondeur marine. Cet effet modifierait Ă son tour l’Ă©cosystĂšme marin, son herbier ingĂ©nieur et pouponniĂšre, la bien nommĂ©e Posidonie.
 Climat, Dessine-moi Kerkennah en 2100 ?
L’Ă©rosion est un phĂ©nomĂšne naturel qui est suivi de prĂšs partout dans le monde. Dans de nombreux endroits de la planĂšte, des initiatives de sciences participatives permettent de contribuer Ă suivre l’Ă©volution du trait de cĂŽte. Kerkennah ne fait pas exception. Vous pouvez contribuer via l’application CoastSnap Ă Sidi Frej Ă la constitution d’une base de donnĂ©es photographiques du littoral.
 Kerkennah : disparition des hauts fonds ?
Prenons un point de comparaison. Par exemple, en France, le recul du trait de cĂŽte (observĂ©) peut ĂȘtre de 1,5 mĂštre par an en moyenne sur certaines zones cĂŽtiĂšres depuis 50 Ă 70 ans selon les relevĂ©s. Imaginez Ă Kerkennah ce que cela signifierait pour toutes les infrastructures situĂ©es en bord de mer ? Dans son focus sur la montĂ©e des eaux en MĂ©diterranĂ©e, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’Ă©volution du climat) a dessinĂ© 7 scenarii de la montĂ©e du niveau de la mer. La hauteur de notre chĂšre mer pourrait alors augmenter entre 50 cm et 1,5 mĂštre d’ici 2100.
Que deviendraient alors les hauts fonds qui font la spécificité de Kerkennah ? Dans cette hypothÚse, ils seraient alors relégués au rang de souvenir pour nos générations actuelles. Kerkennah deviendrait dans le scénario le plus transformateur, un archipel sous-marin, comme la digne ville vestige des Phéniciens au pied du fort El Hsar. Cela invite à agir avec réflexion.
 Le climat : un réchauffement de température à conséquences multiples
Le climat en soi n’est pas un problĂšme. En fait, son Ă©volution ne l’est pas davantage. Tout l’enjeu est la capacitĂ© d’adaptation de l’Ă©cosystĂšme. Un rĂ©chauffement climatique signifie une hausse des tempĂ©ratures qui peut engendrer des rĂ©actions en chaine, allant de la montĂ©e des eaux par la fonte des glaciers et l’augmentation des prĂ©cipitations jusqu’Ă l’acidification des mers et des ocĂ©ans et l’apparition d’espĂšces nouvelles au dĂ©triment des anciennes. Empruntons la formule bien connue du chimiste Antoine de Lavoisier : “Rien ne se perd, rien ne se crĂ©e, tout se transforme” finalement ! Dans cette chaine, le prĂ©dateur ultime que nous sommes, doit rĂ©apprendre Ă devenir vulnĂ©rable, et s’adapter. Nous faisons partie intĂ©grante de l’Ă©cosystĂšme de vie ! Nous ne le dominons pas, n’en dĂ©plaise Ă ceux qui voudraient le faire croire au nom d’intĂ©rĂȘts bien compris.
 Climat et Kerkennah durable : Adaptons nos comportements et réduisons notre empreinte
Qui aurait pu laisser croire que l’Homme vit dans un milieu sans perturbations ? Qui aurait pu laisser penser que l’Homme est capable de tout maitriser, de tout prĂ©voir ? De tout contrĂŽler Ă sa guise ? Apprenons Ă vivre Ă la mesure de ce que Dame Nature nous offre.
- Respectons sa dynamique et réduisons notre empreinte
- Commençons par ne pas construire au delà de la réglementation
- Poursuivons en réduisant nos consommations de plastique, de produits industriels transformés
- Reconnectons-nous comme les anciens de Kerkennah Ă la nature, aux Ă©lĂ©ments, Ă la vie, Ă la mort naturelle, pour mieux revenir Ă l’essentiel
 Le savez-vous ?
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’Ă©volution du climat) ou IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) est devenu un levier de nĂ©gociation des pouvoirs publics, via les Nations Unies, avec les acteurs publics et privĂ©s pour conduire les politiques publiques vers une sociĂ©tĂ© de la durabilitĂ©. A l’origine, en 1988, il Ă©tait formĂ© de chercheurs de lâOrganisation mĂ©tĂ©orologique mondiale, dans le cadre d’un Programme des Nations Unies.
Aujourd’hui comme il est stipulĂ© dans le document introductif de son 6Ăšme rapport d’Ă©valuation du changement climatique, “Le GIEC nâa pas vocation Ă effectuer des recherches. Il dĂ©termine les Ă©lĂ©ments sur lesquels la communautĂ© scientifique sâaccorde, ceux Ă propos desquels les opinions divergent et ceux qui nĂ©cessitent de plus amples recherches. Il sâagit dâun partenariat entre scientifiques et dĂ©cideurs, ce qui en fait une source dâinformation crĂ©dible pour les dĂ©cideurs“. Depuis 6 cycles d’Ă©valuation et de nombreux rapports, il s’agit scientifiquement de dĂ©finir les facteurs d’Ă©volution du climat sur la planĂšte et ses impacts techniques et socio-Ă©conomiques.
Sources inspirantes : |
Frasch D. “Une terre en voie de disparition”, Goethe Institut.Trousset P. (2005), “Kerkena/Kerkennah (Ăźles)” dans EncyclopĂ©die berbĂšre, 27, Kairouan â Kifan Bel-Ghomari, p. 4159-4166.France Info “COP26 de Glasgow : franceinfo lance l’opĂ©ration spĂ©ciale #MontĂ©eDesEaux”, https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/montee-des-eaux/infographies-monteedeseaux-decouvrez-si-votre-ville-ou-votre-plage-est-grignotee-par-l-erosion-du-littoral_4187797.htmlMuseum d’Histoire Naturelle (17 Mai 2024), “La montĂ©e des eaux en MĂ©diterranĂ©e menace fortement les oiseaux”, https://www.mnhn.fr/fr/actualites/la-montee-des-eaux-en-mediterranee-menace-fortement-les-oiseauxRapport du GIEC, Focus sur la MĂ©diterranĂ©e, https://www.ird.fr/rapport-du-giec-focus-sur-la-mediterraneeMinistĂšre de la transition Ă©cologique et de la cohĂ©sion des territoires, France, 6e rapport du GIEC, https://www.ecologie.gouv.fr/actualites/publication-du-6e-rapport-synthese-du-giec |
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