Un festival des crabes bleus engagé pour la Méditerranée

Des animations scientifiques enrichissantes et très pédagogiques

Dans cette rétrospective en images, parmi les nombreuses animations, nous retiendrons les présentations scientifiques du Docteur écologue et biologiste Guillaume Marchessaux de l’Université de Palerme en Italie. Spécialiste de socio-écologie de la faune invasive en milieu marin et lagunaire, ce chercheur passionné et passionnant étudie de près les espèces invasives en Méditerranée.

Comprendre les effets perturbateurs de l’arrivée du crabe bleu dans les eaux méditerranéennes permet aussi de saisir les opportunités qu’offre cette perturbation de l’écosystème. C’est une sensibilisation à l’évident changement climatique, mais aussi aux conséquences positives et négatives de l’activité humaine sur les écosystèmes. Les débats avec les pêcheurs, premiers concernés par la présence du crabe bleu ont été riches. Ils ont aussi témoigné de l’inquiétude et de la difficulté pour les pêcheurs traditionnels de gérer l’invasion de ce redoutable prédateur de poissons et mollusques traditionnellement et historiquement pêchés sur les côtes kerkenniennes.

Des banquets en variation autour du crabe bleu

S’il est un moment particulièrement marquant du Festival des crabes bleus, c’est celui orchestré par les chefs cuisiniers qui nous ont offert une variation de mets subtiles et artistiques à partir de la chair et de la carapace du crabe bleu. Nous avons pu déguster sous diverses interprétations, la chair tendre et iodée du crabe invasif devenu véritable eldorado bleu à Kerkennah. Ce fut aussi l’occasion de mettre en scène ces mets raffinés avec la carapace du crabe bleu, recherchée par ailleurs pour ses vertus cosmétiques et diététiques. Nous pouvons dire que ce fut des moments de partage et de complicité avec le couple Marrakchi notamment qui nous a autorisé l’accès à ses cuisines. Ce fut aussi l’occasion de faire la connaissance de leurs confrères venus de Tunis et de Paris.

Des visites et des ateliers de sensibilisation

Cette rétrospective en images nous ramène sur l’île de Mellita, où nous avons pu participer à la visite de MAS FISH, cette usine de transformation du crabe bleu. Plus qu’une usine, cette entreprise joue un rôle essentiel dans la régulation de l’espèce invasive et participe à l’emploi et aux exportations en plein essor, de la chair de crabe. Fierté kerkennienne, Mas-Fish, en pleine croissance, entre ainsi en compétition avec d’autres pays exportateurs du crabe bleu. Les enfants ont aussi pu profiter de plusieurs ateliers et animations pour découvrir la richesse de la diversité naturelle et la fragilité de l’environnement. Les dessins dans les yeux d’enfant nous transportent dans des mondes imaginaires, bienheureux.

Des artisans de Kerkennah engagés dans les créations durables et à impact

Artisans de Kerkennah rétrospective en image du Festival des Crabes bleus

Les artisans kerkenniens ont aussi participé à cette manifestation pour le développement durable. Nous avons notamment retrouvé les créations de l’équipe de l’atelier Kerkennatiss dirigé et fondé par Fatma Samet ainsi que celles de Sonia Chelly, Amira Ghram et Héla Mosbeh ainsi que Abdou Chakchouk de Discover kerkennah. Retrouvez aussi tous les artisans éco-responsables de Kerkennah référencés dans notre rubrique El Maghaza, du menu principal. Chacun ici se reconnaitra. De beaux sourires ont marqué cette manifestation.

Une sculpture controversée et renversée

Hélas, alors que le festival est financé au titre d’un fonds européen pour la préservation des richesses de méditerranée (Projet Bleu Adapt), la sculpture retenue après un appel d’offre, un crabe bleu réalisé par Salah Ben Amor, a été détruite au terme de ces trois journées de partage et de sensibilisation autour de la diversité et du respect de l’environnement. L’artiste voit ainsi son œuvre détruite pour d’obscures raisons qui nous ont conduit à rédiger un article dédié à la polémique et au coup de gueule que nous souhaitons pousser suite à la destruction gratuite d’une œuvre artistique.

Un défilé de mode tout en éthylène, propylène et styrène d’hydrocarbure

Ce fut aussi un moment marquant pour prendre conscience de l’impact désastreux du plastique, notamment avec un défilé tout en éthylène, propylène et styrène d’hydrocarbure mais aussi de matières naturelles, comme une touche d’espoir suggérée par la créatrice Sonia Béjaoui. Nous n’avons pas de photos du défilé à partager car nous avons été sollicités pour faire partie des “mannequins” et porter sa collection spécialement dédiée à la pollution plastique des mers. Mais nous vous invitons à visiter la page facebook de Balades solidaires et de Sonia Béjaoui pour voir plusieurs vidéos du défilé de la marque Dooja ! Expérience intéressante et symbolique puisque Sarrah et moi avons défilé en couple de mariés revêtus de plastique, de filets de pêche et autres matières naturelles pour former la robe de la mariée et la veste du marié. Notre marche s’est faite sous un soleil de plomb en ce 18 octobre 2022. Citons les stylistes Rim Abbes, Khawla Abid, Thouraya Zayanii, Shems Mechri, Fatma Elloumi.

Grand Hotel Kerkennah : hôtel d’accueil du festival

Nous saluons aussi l’hôtelier qui a accueilli dans son établissement, l’un des plus anciens de l’ile de Chergui, ces trois journées intenses, leurs organisateurs et les visiteurs venus en famille. La plage du Grand Hôtel Kerkennah fut propice aux défilés de Sonia Béjaoui et Fatma Samet. L’environnement privilégié a permis de créer une ambiance de partages et de rencontres chaleureuses et complices. Les espaces dédiés aux débats scientifiques et sociétaux ont accueilli de nombreuses discussions et animations.

Ce premier (et dernier ?) festival des crabes bleus à Kerkennah a été l’occasion de comprendre la puissance et la fragilité réunies de la vie marine, l’impact de nos comportements et de nos activités mais aussi de réaliser l’encastrement de nos vies dans un milieu dont nos vies mêmes dépendent. Ce fut aussi un événement riche de nombreuses rencontres, ouvrant sur des projets et des perspectives encourageantes pour Kerkennah et son écosystème mais aussi au delà.