Un peu d’histoire pour éclairer les mémoires
Kerkennah est un archipel qui, du fond des âges, a développé l’activité de pêche, l’agriculture de subsistance, son commerce de poisson et de vannerie avec le continent (André Louis, 1961). Le lien avec Carthage, Rome et l’Ifrykia, devenue depuis la Tunisie continentale, s’est donc développé avec les ports et le savoir-faire kerkennien des “louds”, bateaux destinés à naviguer sur les hauts-fonds.
Comptoir des Phéniciens puis de Rome, Kerkennah a vu son lien se développer avec le reste du monde en particulier sous l’impulsion du commerce méditerranéen, faisant de l’archipel un lieu prospère pour commercer. Ainsi durant la période punique, l’île de Cherguia devient le point de contact du commerce maritime avec la première ville Cercina créée par les Phéniciens, avec son port non loin de l’actuel Borj El H’sar sur la côte Ouest de l’Archipel. A l’issue des guerres puniques, l’empire romain développera les échanges agricoles sur l’archipel en construisant le pont (El Kantara) reliant l’île de Gharbi Mellita et celle de Cherguia où se trouvait alors le port Cercina (Fehri A. 2003).
Un port qui renaîtrait de ses cendres sur un complexe devenu touristique ?
Ainsi donc, un petit retour sur l’histoire documentée de Kerkennah nous apprend que le premier port d’échange commercial développé ensuite en complexe militaire et économique par les romains, se trouvait sur l’île de Cherguia, non loin de l’actuelle baie de Sidi Fredj, où l’on trouvera aujourd’hui un peu plus au nord, les vestiges puniques de la ville de Cercina… pour partie engloutie…. et son port, disparu depuis bien longtemps au profit du développement du port de Sidi Youssef sur l’île de Mellita. En interrogeant les anciens de Kerkennah on apprendra aussi que la baie de Sidi Fredj et sa jetée du Cercina servait au début du 20ème siècle de port reliant le continent aux iles de Kerkennah comme en témoignent plusieurs photos. La mémoire des hommes et des femmes nous raconte cette époque extraordinaire du développement de Kerkennah où chacun et chacune rejoignait le continent à partir de l’actuelle jetée de l’hôtel Cercina.
Que se passe-t-il aujourd’hui sur la baie où les couchers de soleil sont merveilleux ? La jetée de la baie de Sidi Fredj est une jetée sur laquelle sont amarrés les bateaux de pécheurs et les floukas et le long de laquelle nagent les touristes des hôtels environnants. L’eau y est claire, calme, sécurisante pour les parents et sans dangers majeurs pour les enfants qui ont pied sur des centaines de mètres. Un havre de paix sans aucun doute. Et pourtant le danger gronde de la pointe de la jetée à la route des hôtels. Il s’entend au bruit des moteurs de camions chargés de gaz, qui vont et viennent, prennent le bateau au bout de cette jetée pour alimenter le continent.
Cela signifierait-il que le port déchu de l’époque antique renaît de ses cendres pour développer à nouveau un complexe politico-économique, essentiellement gazier (pour l’instant) sur Kerkennah au détriment de son complexe touristique pourtant installé déjà depuis presque 60 ans sur la baie ?
Un combat politico-économique entre secteurs gazier et touristique
Que dire alors des vacanciers venus se détendre pendant que les camions, explosifs doit-on le préciser, parcourent la jetée d’un bout à l’autre, dans un balai incessant. Ces engins n’hésitent pas à prendre la portion de bitume qui fait office de voie sans issue puisqu’il y a la jetée en son prolongement. Cette voie pourtant sépare naturellement la partie résidentielle de l’un des hôtels et son restaurant ouvert sur la plage.
Ainsi donc le touriste peut observer le chargement et le déchargement des camions sur le bateau venu expressément sur la jetée de Sidi Fredj, baie touristique établie depuis longtemps et qui fait le dynamisme de l’activité économique de l’archipel au bénéfice du plus grand nombre. En effet, le tourisme est une filière qui réunit les pécheurs qui approvisionnent les chefs des restaurants, les commerçants et artisans des villages alentours qu’apprécient de rencontrer les touristes venus à Kerkennah.
Samy
Bonjour
Je tenais à vous dire que votre article est très bien expliqué sur la situation actuelle de la zone touristique, j’espère très sincèrement que la zone retrouve tous son dynamisme passé au détriment de son activité gazière ,je souhaite également que le gouvernement se penche sur la question économique de l île afin que kerkenah retrouve son plein essor touristique….
Continuer à nous donner des informations sur la situation sur l île je serais un fidèle lecteur de vos articles merci encore à vous
Cordialement
Mehdi Kachouri
Samy, merci pour ta réaction sur un article qui pose beaucoup de questions en effet. Nous continuerons autant que possible à informer sur l’actualité de l’archipel de Kerkennah.