Voilà plusieurs années que nous émettons avec d’autres, le cri d’alarme de la pollution engendrée par les déchets semés à tout vent sur les côtes de l’archipel. Encore cet été, l’enchantement face à la beauté sauvage de Kerkennah se brise à la vue du désastre écologique que subit l’archipel en silence… Kerkenniens.com ne peut donc pas rester indifférent ! La communauté attachée à cet archipel se doit de réagir au risque sinon de raconter à nos enfants un passé révolu des trésors de Kerkennah …
Kerkennah, l’authentique, la sauvage, la splendide
D’abord, on est ému par la beauté de ses côtes et de ses palmeraies centenaires, son charme punique et romain que portent en eux, les forts, les oliveraies, les figuiers et les vignes. On est ébloui par ses fonds marins si diversifiés, allant de ses eaux peu profondes, cristallines jusqu’à ses oueds, véritables dépressions sous-marines de 10 à 15 mètres de profondeur.
Kerkennah la splendide c’est aussi une poésie de ses vertes prairies marines constituées de l’herbier de Posidonie (du nom de Poséidon, dieu grec des mers). Ce poumon de la mer est un stabilisateur des fonds et du rivage, gardien de la sédimentation et de la retenue du sable. Ces herbes au pouvoir de vie coiffent les fonds marins et en font des nurseries précieuses pour la biodiversité et donc pour l’écosystème. Ce même écosystème auquel pêcheurs, hôtels et restaurants et touristes appartiennent… tout autant que le monde aquatique lui même. C’est l’interdépendance.
Kerkennah, du ciel à la mer, terre sauvage Kerkennah (Tunisie)
Côte de Sidi Fredj (Zone touristique) Kerkennah (Tunisie)
Fort Lahsar et vestiges de la ville antique Kerkennah (Tunisie)
Kerkennah, oliviers, figuiers, vignes et palmiers… héritage de la Rome antique – Kerkennah (Tunisie)
Ses côtes sont encore vierges préservant la faune et la flore même si l’érosion naturelle est étudiée par les scientifiques (Kebaîli Tarchouna, 2014*). Les constructions sauvages n’arrangent rien. L’éco-aménagement et l’éco-tourisme sont donc une priorité. Promenez-vous sur les bords de l’eau des baies silencieuses… et elles sont nombreuses, vastes, somptueuses dans leurs courbes et leurs couleurs.
Vous y observerez les bancs de nouveaux nés de mulets et sardines qui nagent volontiers à vos côtés.
Vous comprenez donc que les herbes de posidonie qui viennent se déposer sur les côtes après avoir bercé les fonds marins continuent leurs bienfaits en formant un tapis la où les vagues viennent se dérouler doucement. Certes “ces laisses de mer” peuvent sembler désagréables à l’œil et par ignorance, le promeneur peut imaginer qu’il serait mieux si les plages en étaient dévêtues… Ce serait une erreur. Savez-vous pourquoi ?
Ce tapis, avez vous posé vos pieds nus dessus ? Il apporte une fraîcheur délicieuse et une douceur bien agréable mais surtout, ce manteau protège la côte de l’érosion, tout comme les palmiers retiennent le sable, l’eau et le vent.
* Kebaïli Tarchouna M. (2014), L’archipel de Kerkennah, organisation de l’espace et aménagement, Centre de publication universitaire, La Manouba, Tunisie, 432 p.
Herbier de posidonie dans l’eau cristalline, Gardien de la biodiversité – Kerkennah (Tunisie)
Ces palmiers dont on disait il y a peu encore qu’ils étaient les rois de Kerkennah. La raison en est simple, il y en a même deux. En tant que roi, il protège effectivement les îles des agressions climatiques (et cela depuis le crétacé) mais il assure aussi la subsistance des habitants de Kerkennah car c’est un des plus complets fournisseurs de matières premières sur l’archipel.
Ses palmes extraordinaires pour l’isolation et la fabrication des toits de maison, sont indispensables à la construction des charfias (5000 palmes environ par pêcherie fixe). Ce sont elles que l’on voit dépasser en arrivant à Kerkennah et tout autour. Ce sont ces formes géométriques en surface d’eau, choisies par le pécheur en fonction des courants.
Ses spadices ou régimes (arjoun) fournissent la vannerie pour fabriquer les nasses (Drina) utiles pour la pêche à la Charfia (poissons et poulpes). On peut même les utiliser en balai mais aussi pour construire des vaisseaux imaginaires lorsque les enfants fabriquent leur bateau miniature, réplique audacieuse des floukas des pêcheurs de Kerkennah.
Son bois est brulé pour griller le poisson, les stipes (tronc) sont utilisés pour faire des planches et sculptés ou exploités pour la création d’objets du quotidien…
Ses dattes sont utilisées pour diverses préparations culinaires et notamment pour produire le Tibharine ce digestif sucré et fumé qui accompagne délicieusement les figues de Kerkennah. Voila en quelques mots ce qui fait la splendeur de l’archipel devant laquelle nous ne pouvons rester indifférents.
Rois de Kerkennah
Les charfias n’existeraient pas sans les palmes de Kerkennah, 5000 palmes pour construire une charfia en mer.
Arjoun (spadices de palmier) idéal pour la fabrication d’objets et pour préparer un feu de barbecue sur la plage
Préparation du feu de bois de Palmier
Sidi Fredj, randonnée aquatique et vue sur la palmeraie Kerkennah (Tunisie)
Kerkennah, la salie, l’asphyxiée, la maltraitée
La où ensuite, la colère monte et la tristesse envahit le promeneur de Kerkennah, c’est quand en marchand sur cet herbier riche et protecteur, en nageant au cœur des oueds, en naviguant sur une flouka ou en se rafraîchissant à l’ombre bienveillante d’un palmier centenaire, vous voyez l’horreur, l’indescriptible et l’impensable devant les beautés naturelles qu’offrent ensemble l’archipel et la mer.
De quoi s’agit il précisément ? Et bien vous avez le choix… Tout autour de vous et dans certaines baies cela en devient honteux… Vous pouvez marcher parmi les sacs plastiques, les bouteilles d’eau plastique, les boîtes de glace, pot de yaourt et autre polypropylène…. Des boîtes de peinture, de conserves rouillées, des papiers, des planches de bois, des casseroles, des couches usagées bien sûr…. Bref le témoignage du mode de vie de l’être humain sur une terre sauvage et authentique…
Empreintes désolantes dans la baie sauvage de Sidi Fonkhal, lieu de migration et de biodiversité, Canettes bière Celtia SFBT et déchets plastiques.
Terre sauvage et horizon plastique Kerkennah (Tunisie)
Terre sauvage palmier survivant déchets Kerkennah (Tunisie)
Plage éternelle souillée par le siècle du plastique Kerkennah (Tunisie)
Bateau de pêcheur en cale sèche et désolation – Kerkennah (Tunisie)
Jardin de canettes (Celtia) autour du marabout sacré de Sidi Bou Ali – Kerkennah (Tunisie)
Comme une insulte à sa beauté, un comportement inconsidéré, une indifférence déconcertante qui met en colère et qui rend triste devant le non respect de ce bien commun ancestral, de cette terre et de cette mer indispensables à la vie… Cette vie bonne que l’on vient chercher ici !
Splendeur du roi de Kerkennah, le palmier, arbre des pécheurs Kerkennah (Tunisie)
Mais en Kerkennah comme le chuchotte à qui veut bien l’entendre, l’âme des pêcheurs (Merci à Saad pour cette confidence), “la mer est large et le cœur est grand“. Alors devant ce désastre écologique en marche, faisons un vœu car nombreux sont ceux qui s’en désolent à Kerkennah…
Kerkennah, I have a dream
Imaginons ensemble que nos déchets produits lors d’un délicieux barbecue sur la plage au pied du “
Roi Palmier” rentrent avec nous dans nos voitures ou à vélo et soient jetés dans une poubelle.
Imaginons que chaque promeneur qui rencontre malheureusement ces déchets décide d’en ramasser spontanément juste un ou deux et le pose ensuite dans une poubelle chez lui où dans la première venue.
Imaginons qu’une sortie groupée soit organisée pour nettoyer une baie (déjà quelques initiatives dans ce sens ont été organisées par l’association Hello Kerkennah:
Le grand nettoyage des plages à Kerkennah).
Imaginons que cette sortie soit répétée.
Imaginons que soit programmées les côtes à nettoyer.
Imaginons des poubelles installées (tiens, pourquoi ne pas reconvertir les vieilles nasses tressées en conteneurs) et ramassées aux abords des endroits tant appréciés par les familles et les amis quand ils se retrouvent autour du kanoun pour partager le poisson grillé fraichement péché dans cette mer généreuse.
Bref imaginons les actions et agissons pour respecter simplement ce qu’offre Kerkennah, sa beauté, ses richesses et son éternité…
Galerie photos de Kerkennah Terre sauvage
Fort de l’île de Mellita (île gharbi) au milieu des oliveraies, morceau de l’histoire des grandes civilisations à Kerkennah.
Fort de Mellita (île Garbi), Porte à 3 mètres de hauteur Kerkennah (Tunisie)
Palmier, fonctions infinies, compagnon de pic-nique – Kerkennah (Tunisie)
Kerkennah, havre de paix
Sortie matinale en mer le long des charfias – Pointes palmes charfias kerkenniennes – Kerkennah (Tunisie)
Charfia, dessin aux formes géométriques en mer – Charfia de Kerkennah (Tunisie)
Gorgées de soleil
Fleurs d’hibiscus et de bougainvilliers,
Florilège de couleurs
Figuier abondant,
Ton vert et le bleu du ciel
source de saveurs
Kerkennah au coucher du soleil, harmonie – Kerkennah (Tunisie)
Kerkennah au lever du jour, sérénité – Hôtel Cercina Kerkennah (Tunisie)
Diffusez, alertez, partagez et informez vos amis et les amis de vos amis pour que ce message passe sur l’ensemble des réseaux sociaux.
En partageant, nous pouvons réagir et éveiller la prise de conscience des amoureux de Kerkennah !
Antoine
Vous avez raison que kerkena possède une beauté inconditionnel mais dégradé par les sachets plastiques qui couvrent l’iles completement sans compter les décharges sauvage et ceci partout sur l’île. Il y a un vrai problème de propreté. Nous avons abrégé nos vacances lorsque nous avons remarqué ce désastre. Espérant que les choses changeront dans le bon sens.
Mehdi Kachouri
J’espère que cela vous aura quand même permis à travers les sachets plastique de découvrir l’authenticité de l’île… Et nos espérons que vous reviendrez quand les choses bougeront et s’améliorent … En tous les cas j’ai espoirs que cela bouge 🙂
WEG
C’est bien regrettable d’écourter son séjour pour cette raison ! Mais on comprend…
Merci pour ce témoignage qui donne une motivation certaine pour continuer de dénoncer et mettre en place les conteneurs et les poubelles qui manquent !!!
Kerkennah réveille toi !.
Mehdi Kachouri
Dans un sens je comprend parfaitement la réaction d’Antoine et si je devais passer des vacances en famille je préfère trouver un cadre plus sein pour mes enfants …
WEG
Rester malgré tout c’est aussi une façon de montrer à nos enfants que la nature et sa beauté mérite d’être respectées.
Kerkennah offre des espaces encore préservés aussi…qui donnent l’espoir de proposer aux visiteurs ce qu’il vient chercher !! Le calme, la beauté sauvage, l’authenticité et un savoir vivre aux saveurs d’Epicure… exquises au milieu de la Méditerranée.
si
Malheureusement toute la Tunisie croule sous les déchets mais je pense que kerkennah étant une île elle pourrait être un exemple de site écologique pour tout le reste du pays si tous les habitants s’y mettaient et qu’une réelle volonté politique existe au niveau local.
C’est pour ça qu’il faut empêcher les grosses structures hôtelières de s’y implanter car la pollution et la defiguration du paysage la modification du littoral vont de paire avec ces usines a touristes ( qui maintenant sont des touristes locaux)
Bravo pour les articles continuez
Bonnie
Désastre!!!!!!!!
Il faut agir car cet endroit est magnifique et le traitement des déchets est général à la Tunisie. En mais 2011, j’ai traversé du Nord au Sud et la nature souffrait.
Le gouvernement doit agir et créer des emplois avec des vrais salaires et sensibiliser les jeunes et la population.
Aucun pays n’est parfait et en Bretagne nous luttons depuis longtemps mais nous avons eu des pétroliers pollueurs et l’élevage des cochons a pollué grave et nous essayons de changer la donne. Le combat est de tout les jours et il faut éviter le point de non retour.
Gabes est pollueur avec le phosphate et Djerba est en point de non retour.
Gardez votre côté sauvage comme l’on fait mes ancêtres en refusant de construire sur le littoral.
Kenavoh et Atao Kerkennah
Mehdi Kachouri
Merci Bonnie pour votre commentaire qui vient du cœur 😉 Nous essayons de sensibiliser les populations et surtout les TUNISIENS dans ce combat qui doit rester une priorité nationale, même si les préoccupations sont en ce moment tourné vers d’autres objectifs… La planète souffre et nous continuons à la polluer sans vergogne ni même sans connaitre les connaissances pour nos enfants et nos petits enfants… bref il faut agir même seul il le faut…
Chantal Lhoest
Retrouvez le commentaire coup de gueule dans son intégralité de Chantal dans cet article https://www.kerkenniens.com/echo-cinglant-un-retour-de-vacances-a-kerkennah/