Homo Sapiens découvrait un breuvage fermenté
Selon les recherches archéologiques, on date à plus de 100 000 ans la découverte de l’hydromel produit par le miel des abeilles et une fermentation issue de levures elles-mêmes par réaction du miel des ruches à l’eau de pluie. Homo Sapiens (homme ou femme on ne saurait trop le préciser !) avait donc semble-t-il découvert ce breuvage alcoolisé dont, bien plus tard, Aristote (350 av. JC) en proposait une recette. Mais la datation d’un stade avancé de production de breuvage alcoolisé oscillerait entre 13 000 ans (Vestige d’une brasserie avec 3 mortiers en basalte dans la grotte de Raqefet au Nord d’Israel, étude de Li Liu Université de Standford) et 7 000 ans (en Chine) d’après les recherches archéologiques.
La bière 13 000 ans d’âge et à l’origine de la culture céréalière ?
Ces consommations préhistoriques d’alcool seraient associées, d’après les hypothèses scientifiques, à des rituels religieux notamment et auraient constitué un stimulus important du développement de la cueillette complexe de graines en vue de les stocker pour produire le breuvage fermenté. Ainsi donc le plaisir de la bière vieux de 13 000 ans serait-il à l’origine de la sédentarisation des Hommes, de la culture céréalière et du développement technologique et sociétal induit par la sédentarité. Incroyable non ?
L’alcool, un moyen de domination d’hier et d’aujourd’hui
Si les traces génétiques conduisent certains chercheurs à prétendre que l’espèce humaine est prédisposée à aimer l’alcool et donc potentiellement à en abuser, d’autres chercheurs mettent en avant le rôle de ces breuvages dans les rituels et dans la vie des élites en raison des traces trouvées autour des tombeaux et des lieux de culte. Compte tenu de la difficulté à l’époque préhistorique de produire de telles boissons, les plus puissants en détenaient les moyens (mortiers lourds en basalte) et en proposaient lors des festins visant à montrer leur puissance.
Qu’en est-il aujourd’hui, 13000 ans plus tard ? Si l’on en croit les articles de presse (Camille Belsoeur, 19 septembre 2018, Slate.fr), la domination des producteurs de boissons alcoolisées est triomphante, sauvage et … inquiétante… et l’Afrique leur El Dorado. Jugez-vous même ! Le marketing œuvre là où les poches de croissance existent. Alors que les pays vieillissants ne sont plus que des marchés saturés, le continent Ifrikya semble être la cible d’une stratégie marketing de développement offensif des industriels du secteur des boissons alcoolisées (4 d’entre eux se partagent 93% du marché du continent !). Publicités dédiées aux populations au pouvoir d’achat croissant, vivant dans certaines mégapoles, Stratégies événementielles où l’alcool devient la référence (match de foot, écran TV et logos), recours à des prostituées pour convaincre de boire dans les discothèques, arguant que l’alcool augmente les performances sexuelles, etc.
Tous les moyens sont bons pour atteindre une fin : le juteux marché de l’alcool dans plusieurs pays d’Afrique et qui par la dépendance de la consommation excessive fidélise aisément le client, provoquant alors un cercle vicieux d’excès et de risques sanitaires croissants (alcoolisme, maladies du foie, du pancréas, développement des MST par des rapports sexuels moins protégés sous l’effet de l’alcool).
On comprend tout l’intérêt des pays de protéger leurs citoyens en régulant le marché afin de filtrer les offres à l’égard des populations les plus fragiles et les jeunes notamment. Le rôle des codes sociaux, culturels, religieux et du Droit pour réguler les comportements est d’autant plus crucial qu’il s’agit de protéger sans annihiler les libertés individuelles.
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