[font_awesome icon="fa-anchor"] Sur la route de Ouled Yaneg
Mon amie m’annonce que nous allons traverser «la kantara» ou pont, qui relie l’île « Gharbi » à la grande île « Chergui». « Chergui » selon l’ancien colon français et « Charki » selon les habitants de l’île. Kerkennah est un archipel, le mot prend ainsi tout son sens. Le petit pont de bitume traverse la mer. Une mer relativement profonde par rapport aux autres rivages avec de forts courants. Il faut être bon nageur pour s’y baigner.
[font_awesome icon="fa-eye"] Origine des villages kerkenniens
Nous continuons vers Ouled Yaneg. Quelques centaines de mètres plus loin, nous y sommes. Ouled Yaneg, Ouled Kacem et Ouled Bou Ali sont trois villages successifs qui donnent directement sur la mer. «Ouled» signifie « fils de ». Certains villages tunisiens sont nommés ainsi en référence à l’ancêtre fondateur. C’est une vieille tradition berbère qu’on retrouve même en Algérie. Les deux derniers portent un nom arabe alors que le premier a un nom à consonance étrange pour mes oreilles. Ni arabe, ni berbère, mon amie me dit que Yaneg serait Grec selon la légende. Nous sommes en plein métissage au centre de la méditerranée.
[font_awesome icon="fa-compass"] Zoom sur le Village de Ouled Yaneg
Les ruelles du village sont étroites. Elles font à peine passer une voiture. Je remarque que les portes des maisons ou « dar » sont face à la mer. Normal, quand les principales activités venaient de la grande bleue dans un village côtier. La présence de murs en pierre me rappelait les maisons du Sud. Couleur terre, tout se confond dans une harmonie paisible. Les vieilles portes au plancher carré décoré m’interpellent. Simples et lisses, bleues pour rappeler celui de la mer, parfois jaunes, leurs décorations sont faites d’étoiles, croissants, poissons et roses. La symbolique religieuse de l’étoile et du croissant est évidente. Celle du poisson, principale ressource et protecteur contre le mauvais œil est courante. La présence de roses me semble originale, surtout sur cette terre où il n’y a pas de rosiers. Je devinerais presque du raffinement féminin dans ce dessein. J’imaginais les maisons avec une petite cour intérieure, blanchies à la chaux, sans faïences ni fioritures. Il est bien loin le temps où les plafonds étaient faits avec des poutres taillées dans la stipe du palmier. Bien loin aussi celui où l’eau de pluie était collectée. Comme ailleurs en Tunisie, le « majel » permettait de la stocker et de l’utiliser dans les maisons. Il n’y a pas de sources à Kerkennah, les puits devaient être profonds pour échapper à la salinité. Bien que bordée par la mer, Kerkennah a un climat aride. L’eau douce est un bien précieux. Chaque goutte compte.
[font_awesome icon="fa-compress"] Karknia (Kerkennienne) Karkni (Kerkennien)
Je commence à m’immerger doucement dans ce monde Kerkennien. Je ne pouvais en saisir la profondeur sans une ballade en mer. L’enchantement continue, le meilleur m’attend.