Pourquoi ne plus mettre les pieds Ă Kerkennah ?
“Mektoub”, le prĂ©texte pour ne rien faire
Combien de fois la volontĂ© de Dieu est elle invoquĂ©e lorsqu’on dĂ©nonce des actions humaines de destruction, de pollution, d’irrespect, de torture ? Pour surtout ne rien faire et juste se contenter de dire “c’est pas moi”, “c’est la volontĂ© de Dieu”… ou parfois encore plus hypocrite …”c’est pas ma faute, c’est celle du voisin”, ou celle des continentaux ou des Ă©trangers ou des touristes… ou encore celle de la baladia (municipalitĂ©) !!
Une terre divine souillĂ©e par l’Homme
Mais encore faut-il vouloir venir Ă Kerkennah pour l’entendre dire et constater par soi-mĂȘme. DĂ© : DdDDDu massacre des tortues aux plages souillĂ©es, en passant par les palmiers brulĂ©s ou les routes jonchĂ©es de tessons de bouteilles et autres tas d’ordures jetĂ©es… Quel Dieu censĂ© voudrait autant de mal Ă une terre qu’il a créée ? Souvenez-vous de la lĂ©gende, Kerkennah ce bout de terre de Paradis jetĂ© par Dieu en MĂ©diterranĂ©e.…Inchangé :
Inchangé : Album photo de destruction programmée de Kerkennah
L’inconsĂ©quence de l’Homme dans son espace vital
La pollution et la destruction volontaires de l’espace naturel de Kerkennah, les routes et les plages sur lesquelles il devient dangereux de marcher nus-pieds sont le rĂ©sultat d’une mĂȘme cause…. l’inconsĂ©quence de l’Homme. Se laver les pieds pleins de sable avec une bouteille d’eau avant de monter en voiture, puis jeter cette mĂȘme bouteille d’eau par la fenĂȘtre de la voiture ensuite devient une scĂšne courante Ă Kerkennah… Tas de gravats et autres dĂ©tritus, nous pourrions faire une liste Ă la PrĂ©vert qui expliquerait pourquoi cette inconsĂ©quence humaine est la seule vraie raison de ne plus mettre les pieds Ă Kerkennah.

Soutien-gorge Ă l’abandon – Kerkennah aoĂ»t 2022
Inchangé
Se dire musulman pratiquant… c’est considĂ©rer que “la propretĂ© vient de Dieu et la saletĂ© vient de l’enfer“. Inchangé : Alors Kerkennah la Belle, as-tu plongĂ© en enfer ? InchangĂ© :       Inchangé : Chers amis Kerkenniens, au nom de cette terre merveilleuse, pleine de richesses menacĂ©es, devons-nous rester spectateurs, nous contenter de constater et de l’inaction ? Inchangé :
Inchangé :
 Boycotter Kerkennah ou opter pour une alternative ?
Il est vrai qu’il est plus facile de se dire “c’est ainsi“, “Mektoub” et de passer son chemin. Tout le monde est sale, donc je suis sale. Pourquoi ferais-je attention Ă ne pas jeter tout et n’importe quoi n’importe oĂč si les autres le font ?
 Se rĂ©fugier derriĂšre la rĂ©signation, ce n’est pas kerkennien !
Si chacun.e agissait Ă sa mesure… Voyons ce qui est faisable.
- Ramasser tous ses déchets en repartant de sa sortie de plage
- Compacter ses bouteilles et utilisent les poubelles Ă disposition
- ArrĂȘter de jeter ses bouteilles par la fenĂȘtre de la voiture et la garde avec lui jusqu’Ă la premiĂšre poubelle
- Récupérer ses déchets pour les mettre en sac
- Jeter des ordures dans les filets dédiés plutÎt que sur les bas-cÎtés ou au pied des palmiers
- Accepter de laisser le lieu qui lui a donné de la joie en bon état.
Alors Kerkennah peut sortir de l’enfer et l’Homme regagnerait alors un peu de respect.

La dĂ©solation au quotidien, rien n’a changĂ© depuis – Kerkennah Mai 2015
 Faire sa part comme le colibri
PlutĂŽt que de considĂ©rer Kerkennah comme une poubelle, il est possible d’agir pour l’embellir et surtout lui redonner ce qui n’appartient Ă personne, mais qui appartient Ă Kerkennah elle-mĂȘme, sa beautĂ© naturelle (voir notre article, Djerba et Kerkennah deux joyaux de MĂ©diterranĂ©e) ! Telle la lĂ©gende du colibri que Pierre Rabi a repris pour Ćuvrer dans ce sens, chacun, Ă sa mesure, peut agir, et “faire sa part“.
De notre cĂŽtĂ©, nous ramassons ce que nous trouvons et essayons de redonner une seconde vie Ă ce qui a Ă©tĂ© jetĂ© (voir notre article Kerkennah la recycleuse). Ă titre d’exemple, nous avons rĂ©cupĂ©rĂ© un vieux meuble jetĂ© sur le bas-cĂŽtĂ©, une palette et mĂȘme un tiroir. Nous jetons nos dĂ©chets dans des poubelles. Nous essayons d’avoir le moins de dĂ©chets possible. Cela Ă©vite d’en avoir Ă jeter.
On peut continuer de profiter de la vie kerkennienne sans en dĂ©truire ce qui la rend si agrĂ©able. Gagner son propre respect, avoir de l’estime de soi en ne laissant aucune trace de pollution telle est la raison pour laquelle nous venons Ă Kerkennah !
Li Tchi
Ces photos sont un dĂ©sastre. Le rĂ©veil de kerkennah ne peut venir que de nous mĂȘmes !
Mehdi Kachouri
Li Tchi, merci pour ton commentaire, les photos ne reflĂštent que la triste rĂ©alitĂ©….
Abderrahmen Bacha
atterrant !!! C’est le cumul de plusieurs annĂ©es de je -m’en-foutisme !!!
La sebkha de KĂ©libia , en pleine ville, c’est pareil
Mehdi Kachouri
Abderrahmen, merci pour ton commentaire, il y a pas que les annĂ©es mais aussi le fameux la baladia le fera….
Foued Charmine
Trop sales la TuNISIE et aucun civisme !!! Hedheka elmosstéwé (kasskasslou yerjaa lasslou)!
Mehdi Kachouri
Foued, merci pour ton commentaire, si tu vas Ă Djerba les choses sont beaucoup plus propre… Il ne faut pas gĂ©nĂ©raliser sur l’ensemble du territoire Tunisien…
Hedia Hadhoud
Exacte sans oublier le bateau trĂšs sale
Mehdi Kachouri
Hedia, merci pour ton commentaire, faut pas avoir envie de pisser sur le bateau… Hhhh đđđ
Karim Chelly
Bonjour,
J’ai pu observer Ă©galement la lente dĂ©gradation de l’Ăźle sur le sujet de la pollution sauvage. Bon ce n’est pas propre Ă Kerkennah, on retrouve les mĂȘmes comportements partout dans le pays, mais sur l’Ăźle, difficile de ne pas voir les consĂ©quences…Cette annĂ©e j’ai carrĂ©ment ramenĂ© mes dĂ©chets en France, tellement je n’ai aucune confiance au circuit de gestion, et de peur que ceux-ci se retrouvent dans la sahpra.
Il y a pourtant plusieurs axes de travail qui pourraient ĂȘtre mis en place sans (trop) d’efforts.
1) retirer les sacs plastiques du commerce et des marchĂ©s. Il y aura peut ĂȘtre un petit flottement au dĂ©but, mais aprĂšs tout le monde pourra faire comme on faisait avant, une koffa et des sacs en tissus. On pourrait mĂȘme financer la production des sacs en tissus si le facteur Ă©conomique Ă©tait dĂ©cisif lĂ dedans. Les sacs plastiques doivent reprĂ©senter les 3/4 des dĂ©chets qui souillent l’Ăźle.
2) mĂȘme si ce n’est pas populaire, il faudrait que les habitants bien intentionnĂ©s se mettent Ă sĂ©vir les gens pris sur le fait de pollution intentionnelle. Je pense notamment aux “biĂšres parties” sur le littoral ou les gens finissent par jeter leurs canettes Ă la mer. Je ne comprends pas comment quelqu’un peut souiller la mer comme ça, aprĂšs avoir justement profitĂ© de sa beautĂ©. Le concept me dĂ©passe totalement.
3) l’Ă©ducation. C’est probablement le plus simple Ă mettre en place. J’avoue ne pas connaitre ce qui est enseignĂ© Ă l’Ă©cole, mais cette derniĂšre reste un rempart efficace de sensibilisation aux impacts de tout ça. Les gĂ©nĂ©rations adultes actuelles sont peu ĂȘtre dĂ©jĂ perdues, mais il faudrait au moins que la nouvelle gĂ©nĂ©ration soit sensibilisĂ©e…Alors aprĂšs, on me dira que c’est facile Ă dire lorsque l’on a un niveau de vie aisĂ©, mais ce ne sont pas les personnes les plus pauvres qui polluent le plus.
3) le recyclage de plastique est aussi un levier mais les quelques initiatives que j’ai pu voir ces derniĂšres annĂ©es s’essoufflent rapidement.
Bref, chaque année je reviens à Kerkennah plein de joie de retrouver cette belle ßle, et chaque année je repars un peu plus déprimé.
Merci en tout cas de faire votre part et d’essayer d’alerter sur le sujet. Je pense qu’il ne faut pas attendre grand chose des pouvoirs publics et s’organiser directement entre habitants (motivĂ©s) pour avancer sur ce sujet.
Mehdi Kachouri
Merci Karim pour ce riche propos et ce constat commun dĂ©primant en effet depuis tant dâannĂ©es.
La solution semble en effet devoir cibler simultanĂ©ment et non sĂ©parĂ©ment plusieurs domaines dâactions. LâĂ©ducation en est un. Les initiatives associatives Ă©galement, mais ce sont de opĂ©rations ponctuelles. Agir sur le comportement individuel et collectif par la loi est aussi une piste qui sâobserve ailleurs, notamment lâinterdiction de sacs plastiques par exemple. La consommation rĂ©duite en emballage exige du temps pour faire Ă©voluer les mentalitĂ©s. Kerkenniens ne dĂ©sespĂšre pas depuis 12 ans dây participer humblement.