Départ, un lundi de juillet – 8h du matin, Port de Sfax
Ciel bleu sur la ville qui s’éveille. Le fort de Sfax signale la proximité du port. Encore quelques rues bien calmes à traverser. L’arrivée au port est fluide, peu de circulation rend l’accès agréable et serein.
La voiture rejoint la courte file devant le portail d’accès au quai d’embarquement. Etonnement… Seuls quelques véhicules sont en attente. Fenêtre ouverte, nous passons le contrôle des billets de réservation pour rejoindre le quai. L’horizon laisse entrevoir la silhouette tant désirée du bateau qui nous conduira d’ici 20 minutes dans un coin de paradis… La sérénité prend place comme si la magie de Kerkennah était déjà à l’œuvre.
Le port est calme, une poignée de voyageurs attend l’arrivée du bateau. Le soleil matinal est déjà bien chaud. L’eau et le ciel retiennent mon regard qui n’a de cesse de vouloir rejoindre cette crête lointaine bordée de charfias et de palmiers gardiens du temple kerkennien.
Les docks de Sfax sont endormis en ce lundi matin. Les navires de la marine marchande et de la sécurité maritime sont à quai, imposants dans leur cuirasse métallique rouge et grise. Leur nom évoquent des épopées étranges. Les mouettes quant à elles semblent chuchoter à ceux qui veulent bien les entendre, les promesses du large.
Mon impatience à rejoindre l’archipel est subitement interrompue par la sirène du Cercina. Le bateau prend des airs de cétacé. Et dans une lente chorégraphie parfaitement maitrisée, il ouvre son large pont pour livrer au continent d’Afrique, les quelques véhicules et piétons venus de Kerkennah. A peine sa livraison achevée, le bateau se remplit à nouveau, véhicules chargés, deux ou quatre roues, piétons et moutons embarquent indifféremment. Nous sommes peu nombreux. A peine une quarantaine de véhicules trouve place et autant de voyageurs.
Kerkennah, archipel de tous les voyageurs
1h15 de traversée : indispensable transition pour recevoir Kerkennah en cadeau
Une fois la voiture embarquée, nous rejoignons le pont étrangement désert. Place privilégiée avec vue sur la méditerranée, nous choisissons un banc pour apprécier 75 minutes de traversée avec les quelques compagnons de voyage en quête de l’authenticité kerkennienne. Enfants aux doigts pointés vers la mer, jeunes adolescents heureux de l’escapade en méditerranée et quelques anciens au regard brillant s’installent. La sirène retentit. Le soleil semble tranquillement changer de position dans le ciel si bleu. Direction l’Est méditerranéen, direction Kerkennah.
La brise légère et les cordages du Cercina enlacent alors les âmes portées par les bleus profonds de la mer quelque peu agitée. Nos yeux parcourent inlassablement l’horizon à la recherche des premières images de Kerkennah, double ligne d’horizon, comme un plateau déposé sur la mer, étincelant et discret. Inspiration profonde, sensation d’éternité.
Soudain, les premiers signes de l’instant kerkennien annoncent l’arrivée au port de Sidi Youssef. Une flouka à fleur d’eau d’abord, puis la pointe argentée d’une charfia semble indiquer la direction à suivre. Le regard se porte alors naturellement vers les chevelures des palmiers de cette terre salée kerkennienne.
Kerkennah ma bien aimée, instant d’éternité
Nos cœurs de voyageur changent alors de rythme dès nos premiers pas sur le quai. La voiture quitte le pont du bateau pour rejoindre tranquillement la route qui relie l’ile de Mellita à celle de Chergui. El Kantara, le pont entre deux rives à travers la sebbkha nous conduit directement au paradis en méditerranée. La succession des palmiers et des étendues sableuses abreuvent nos regards. Le vent doux caresse nos joues. Emplis d’une joie profonde et simple, en silence nous posons enfin le pied sur cette terre tant aimée.
Au programme, quelques jours de bonheur, d’authenticité et de calme.
Sorties en Flouka, marché et promenades sur les plages à marée basse, sortie sur Sefnou… Dégustation de fruits de mer et d’oeufs de seiches, couscous au besbes… pastèque et melon, thé à la menthe et retrouvailles… telle est la vie kerkennienne du voyageur qui s’y rend fidèlement, inconditionnellement.
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